Comment faire de nos vies un sacrifice ?


Article tiré de Cherchez et vous trouverez, Les presses de Taizé, Taizé, 2004, pp. 159-160.
Dans sa lettre aux Romains, Paul exhorte les fidèles à « offrir leurs corps comme des
sacrifices vivants, saints, agréables à Dieu » (Romains 12, 1). Suivant les traces du Christ,
nous sommes appelés à faire de nos existences concrètes en ce monde (c’est le sens ici du
mot « corps ») une offrande à Dieu qui exprime une communion. Qu’est-ce que cela
signifie ?
Il est significatif que l’apôtre ne donne pas d’emblée des règles en ce sens. Il dit simplement :
ne suivez pas les modes et les valeurs de la société ambiante, mais cherchez à discerner à
tout moment ce que Dieu veut, ce qui est bon (Romains 12, 2). Il sait qu’on ne peut pas
donner sa vie sans être libre, sans choisir en toute connaissance de cause la voie de l’amour.
Loin d’être un carcan qui nous oblige, cette voie fait donc appel à notre créativité afin de
découvrir comment être là pour les autres dans chaque situation à laquelle nous sommes
confrontés.
En fait, dans le reste du chapitre 12, Paul parle surtout de la vie de la communauté
chrétienne, où des dons différents sont réunis en un seul corps. Nous vivons pour Dieu
quand nous comprenons que « nous sommes membres les uns des autres » (Romains 12, 5)
et quand nous en tirons les dernières conséquences. L’apôtre évoque ensuite nos relations
avec ceux qui nous hostile et là, la règle d’or est de ne pas rendre le mal pour le mal (voir 12,
17 et Matthieu 5, 44-48). En définitive c’est essentiellement dans nos relations avec les
autres que le don de nos vies à Dieu prend sa forme concrète.
La lettre aux Hébreux nous donne une réponse semblable à la même question. « Offrons à
Dieu un sacrifice de louange en tous temps, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confesse son
nom. Quant à la bienfaisance et à la mise en commun des ressources, ne les oubliez pas, car
c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir » (Hébreux 13, 15-16). Le sacrifice chrétien se
résume ici dans la prière et le partage, deux expressions fondamentales de la communion.
Le sacrifice chrétien est aux antipodes d’une vision doloriste et moraliste du monde, selon
laquelle plus une chose serait désagréable, plus elle serait acceptable pour Dieu. Le sacrifice
n’est pas un morne devoir qui coupe l’élan de notre cœur. Bien au contraire, il est action de
grâce au Seigneur pour tous les biens dont il nous comble. Il est marqué par la joie, celle de
la louange et celle de partager avec les autres ce que nous avons-nous-mêmes reçus. « Dieu
aime celui qui donne avec joie, écrit encore saint Paul, et il est bien capable de vous combler
de toutes sortes de dons afin que, possédant tout ce qu’il vous faut, il vous reste plus
qu’assez pour toute bonne œuvre » (2 Corinthiens 9, 7-8 ; voir aussi Philippiens 4, 18-19).
Faire de sa vie un sacrifice, c’est donner ce qu’on a dans la confiance que notre Père céleste
sait de quoi nous avons besoin (Matthieu 6, 32) et qu’il n’est donc pas nécessaire d’amasser
des trésors sur la terre (Matthieu 6, 19). C’est se découvrir libre de vivre dans l’allégresse de
chaque nouvel aujourd’hui.

Comment faire de nos vies un sacrifice ?

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