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Et le présent, à présent ? – CBOV

Et le présent, à présent ?


Tu savais qu’en hébreu, le verbe être, ça n’existe pas au présent ? Tu ne
peux pas dire : je suis ceci ou je ne suis pas cela. Parce que tu ne peux dire
ni « je suis », ni « je ne suis pas ».
Tu peux conjuguer le verbe être au passé ou au futur. Mais au présent, ça
disparaît comme le lapin dans le chapeau du magicien. Bref, en hébreu, tu
peux « avoir été » et tu peux être « en train de devenir », mais tu ne peux
absolument Pas «être»… ni binaire, ni non-binaire, ni homme ni femme.
Tu as été et tu deviendras, mais tu es forcément en plein dans ta mutation.
En clair, l’hébreu c’est la langue des trans.
Je crois que c’est pour cela que Dieu l’a utilisé pour écrire son best-seller.
C’était sensé dire que ça n’a jamais fini de dire ce que ça pourrait encore
vouloir dire. Mais j’avoue, c’est beaucoup trop subtil pour le commun des
lecteurs.
Delphine Horvilleur, «Il n’y a pas de Ajar», p.74-75
Grasset, 2022

Cette caractéristique de la langue hébraïque est constante dans la culture
sémitique. Elle est donc partagée avec les arabophones et les autres langues du
Moyen-Orient, passé et présent.
Quand Moïse demande son nom à la «Voix du Buisson» (Exode 3), la réponse est

«Eye asher Eye» un jeu de mots intraduisible dans les langues indo-
européennes.

La racine verbale est celle que l’on traduit par le verbe « être » en français.
Il est possible de l’interpréter : «Je suis» Eye (accompli) celui asher «qui sera»
Eye, (inaccompli). Leora Ezrachi-Vered, rabbine en Israël, propose comme
interprétation créative : «celui dont tu auras besoin», ce qui ouvre des
perspectives «incroyables», mais toujours «pertinentes» … .
Cela a aussi des conséquences dans notre lecture des prophètes :
S’il n’y a pas de présent par contre les verbes expriment l’accompli, ce qui s’est
passé ou ce qui a été fait jusqu’à maintenant. Tout ce qui sera devant (futur) est
l’inaccompli ce qui est possible, probable, envisageable, vraisemblable, voire
promis.
Quand les prophètes dénoncent les errements du peuple et des notables, ils
constatent l’accompli s’incluant eux- mêmes dans le fil du temps.
Ils relèvent les manquements aux préceptes de la Torah, et les conséquences sur
les événements climatiques ou militaires – en fait tout ce qui précède leur prise de
parole… Chaque mot proféré est du domaine de l’accompli.
Ce que les prophètes proposent ou promettent ensuite relève de l’inaccompli, du
souhaitable, du nécessaire pour assurer un avenir serein… C’est du domaine de
la foi et pas l’affirmation d’une certitude. «Sans doute que si vous adoptez un

comportement conforme aux préceptes sacrés», nous nous en sortirons mieux, vu
l’expérience du passé. (De l’accompli).
L’expérience humaine, reflétée dans les message des prophètes, nous conduit à
savoir que :
– les conditions climatiques sont variables,
– les alliances politiques échappent au commun des mortels,
– les règles de vie en société sont encore et encore transgressées,
– et que les migrations et conquêtes découlent des décisions des souverains.
Et la promesse présentée à l’inaccompli par les prophètes est que le «Dieu des
Puissances» aura la bienveillance de prendre soin de nous.
Il en va de même avec les programmes politiques et électoraux, rien de nouveau
sous le soleil dit l’Ecclésiaste (1 : 9 ) Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est
fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
B.van Baalen et Laure Jubran

Et le présent, à présent ?

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